Diversifier pour valoriser
Avec la volonté de minimiser leur impact sur l’environnement et de valoriser au maximum leurs productions, Guillaume et Karine Turquois ont fait le choix du passage en agriculture biologique, tout en transformant une partie de leurs récoltes. Immersion au sein de la ferme du Joyeux Laboureur.

Guillaume Turquois a suivi un cursus agricole avant de reprendre la ferme familiale en 2007, suite au départ en retraite de son père. Petite ferme du Chinonais, les résultats économiques ne sont, à l’époque, pas au rendez-vous et Guillaume Turquois doit alors cumuler deux activités. Outre la gestion de la ferme, il se consacre à son entreprise spécialisée en espaces verts. « J’ai toujours voulu travailler en relation avec la nature, avec le végétal », explique-t-il. En 2012, l’équilibre financier étant là, l’agriculteur décide d’embaucher un salarié pour gérer l’exploitation. « Cet équilibre est revenu, entre autres, grâce à la vente de matériel en propriété et à l’intégration de Cuma », se souvient-il.
TRANSFORMER SA PRODUCTION
En 2015, lui et sa femme Karine font un voyage en Italie. Ils reviennent avec l’idée de faire des pâtes à la ferme. Projet un peu fou au premier abord, qui mûrira doucement, le temps d’effectuer une étude de marché et de démarcher les organismes bancaires. « C’est également à cette occasion que nous avons fait le choix de la conversion à la production biologique », précise Karine Turquois. L’idée fera son petit bonhomme de chemin, jusqu’au jour où Sylvain Ribot, un paysan du coin, producteur de pâtes à la ferme, souhaite cesser son activité de diversification. Croulant sous l’activité et désireux de continuer à travailler seul, il propose au couple Turquois son matériel de transformation. « Cela a quelque peu précipité la mise en place de l’atelier de diversification. A ce moment-là, les bâtiments de l’exploitation ne pouvaient pas recevoir une telle installation. Nous avons donc commencé à fabriquer des pâtes chez Sylvain », raconte l’agricultrice. Ce fut pour le couple une réelle opportunité. « Même si mon amie Géraldine (qui s’est installée avec le couple sur la ferme, ndlr) et moi-même avons suivi une formation de fabrication de pâtes fermières, la transmission de l’expérience de Sylvain Ribot fut une chance inouïe pour nous », détaille Karine.
UNE COMMERCIALISATION ORIENTÉE
Sur l’aspect agronomique, les Turquois ont fait le choix de parcelles petites, avec beaucoup de productions. On y retrouve du triticale ou des féveroles, commercialisés en circuit long. Également des pois chiches, des lentilles vertes ou corail, du lin, du sarrasin ou du petit épeautre. « La rotation est de cinq années au minimum », précise Guillaume. Commercialisée en circuit court, la majeure partie de la production est vendue auprès d’épiceries vrac, d’Amap ou de magasins de producteurs. « Depuis peu, nous souhaitons nous rapprocher de la restauration collective pour toucher les enfants, explique Karine Turquois. Dans ce but, nous réalisons des affiches pédagogiques pour leur apprendre à mieux manger. » Souvent démarchée par la grande distribution, l’agricultrice se focalise avant tout sur le circuit court, « dans un rayon qui n’excède pas 70 km du siège de l’exploitation, confie-t-elle. Nous souhaitons limiter au maximum notre empreinte carbone, que ce soit sur l’aspect production comme sur celui de la distribution. »
UN NOUVEAU DÉBOUCHÉ
Toujours volontaire pour relever de nouveaux défis, le couple propose désormais un nouveau produit : l’huile. Cette nouvelle activité existe depuis août 2021. Qu’elle soit de colza, de tournesol ou de cameline produits à la ferme, elle est commercialisée auprès des revendeurs habituels. La presse à froid a été achetée en Cuma, avec trois autres agriculteurs locaux, tous désireux de transformer une partie de leur production. « Nous n’avons encore que très peu de recul sur cet atelier, explique Karine Turquois, mais la demande semble présente et nous arrivons à écouler notre petite production actuelle, sans embuches. » Un bel avenir donc, pour cette ancienne ferme laitière devenue aujourd’hui un exemple local.
Contact : La ferme du Joyeux Laboureur, Le Vau, 37500 Marçay.