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Fourrage : des premières coupes de qualité, mais peu de rendement

Les premières fauches d’herbe et de méteils affichent des rendements décevants et inquiétants, mais des valeurs alimentaires qui s’annoncent intéressantes.

Le département d’Indre-et-Loire subit depuis près de 3 mois un épisode de sécheresse très précoce et prolongé. Il a fortement pénalisé les rendements des intercultures, avec 3 mois sans eau dans certains secteurs, accompagnés de longues périodes de vent d’est froid et asséchant.

 

Les ray grass italiens, hybrides et anglais précoces purs comme associés (trèfle incarnat, de Micheli, vesces) accusent un retard de développement de 2 à 3 semaines, ce qui a généré des pertes de rendement de 1 à 2,5 t MS/ha par rapport aux années précédentes (rendements totaux estimés actuels en 1 ou 2 coupes : 2,5 et 4 t MS/ ha). En effet, seuls les apports précoces d’azote des toutes premières semaines de février (70 u N/ha en 1er apport) se sont révélés efficaces. Le deuxième apport d’azote de fin février n’ayant pas du tout été absorbé en raison du manque d’eau.

 

UNE VALEUR ALIMENTAIRE QUI S’ANNONCE EXTRA

En revanche, à condition que les ray grass soient fauchés au stade épi 10 cm (juste avant le stade 2 noeuds), la valeur alimentaire s’annonce extra (0,92 à 0,95 UFL/kg MS), avec une forte teneur en sucres, un taux en matière sèche élevé (34 à 38 % MS) et une excellente digestibilité (bon rapport feuilles/ tiges selon espèces et variétés). Les premières coupes ont commencé au 1er mars, notamment dans le Richelais en sol sableux, avec un rendement moyen de 2,8 t MS/ha, suivies d’une seconde à 1,4 - 1,7 t MS/ha début avril. Pour un bon compromis entre rendement et valeur alimentaire, beaucoup de RGI étaient aptes à la fauche entre le 25 mars et le 16 avril 2021 en une seule coupe.

 

Actuellement, la plupart des ray grass italiens arrivent entre stade épi 10 cm et début épiaison (RGI non alternatifs un peu plus tardifs d’épiaison). Les valeurs alimentaires commencent donc à chuter fortement (passage de 0,94 à 0,92 puis 0,88 UFL/kg MS en début épiaison, pertes de l’aspect lactogène). Cette perte de valeur alimentaire ne se compense pas par le gain de rendement assez limité à ce stade, surtout vu les conditions actuelles. Il est fortement conseillé de terminer les dernières coupes de ray-grass italiens et anglais précoces et de réaliser celles du ray grass hybride au stade épi 10 cm actuellement, que ce soit en intercultures courtes ou longues.

 

DES MÉTEILS PROTÉAGINEUX EN RETARD

Dans ce début d’année atypique, les premiers méteils fourragers « céréaliers », composés d’espèces précoces d’épiaison (seigle/triticale/RGI/féverole/ trèfle incarnat/vesce velue) ont déjà été fauchés pour des rendements de 2 à 4,2 t MS/ha, et des valeurs alimentaires de 0,9-0,92 UFL/kg MS et 120- 140 g MAT /kg MS.

 

La plus grosse partie des méteils, riches en protéagineux, présentent pour la plupart un retard de développement de 2 semaines par rapport à l’an dernier, à cause des conditions froides. Prévus d’être fauchés ces tout prochains jours, leur rendement oscillera entre 1,8 et 3,5 t MS/ha (1-1,5 t MS/ha de moins par rapport à l’année dernière), avec des valeurs alimentaires très correctes (0,85- 0,9 UFL/kg MS et 150 à 180 g MAT/kg MS).

 

Les prairies temporaires, pourtant bien fertilisées en azote, affichent un retard de développement très important (croissance de 20 à 50 kg MS/j/ha depuis plus de 2 mois). Le dactyle se distingue en revanche par sa robustesse ce printemps. Malgré les conditions climatiques, il assure près de 15 à 25 kg MS/j/ha de croissance supplémentaire aux prairies (multi espèces, associations avec légumineuses) par rapport à une fétuque élevée pure ou à des associations ray grass anglais-trèfle blanc.

 

Augustin Gravier est conseiller productions fourragères et technico-économique Sud Indre-et-Loire à la CA 37.

 

 


Les suggestions du conseiller

Etant donné les pertes de rendement réelles ou prévues sur les intercultures d’hiver et les prairies ce printemps, il est important de réfléchir dès à présent aux différents leviers pour sécuriser ses stocks fourragers en quantité et qualité, en optimisant les rendements sur des parcelles de potentiel limité (variétés de maïs fourragers très vigoureux au démarrage et bonne capacité à rester verts, sorghos fourragers monocoupes purs ou associés au maïs fourrager, betteraves fourragères…).

Des dérobées de fin d’été-automne, récoltées ou pâturées peuvent également être réfléchies.

Et il ne faut surtout pas hésiter à réaliser dès à présent des bilans fourragers prévisionnels avant semis de maïs fourrager, pour évaluer les déficits fourragers potentiels, voire réfléchir à la conception de stocks fourragers de report pour 2022. 

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