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Pendant le confinement, les ventes d’oeufs se sont envolées

Confinés, les Français ont acheté en masse farine et oeufs. Des aliments de base pour cuisiner, quand la restauration hors foyer s’arrête. La filière oeufs a fait au mieux pour répondre à un niveau de demande historique.

Entre le 16 mars et le 12 avril, les Français ont acheté 611 millions d’oeufs, soit 44 % de plus que lors de la même période en 2019 (+ 185 millions), rapporte le CNPO (interprofession) dans un communiqué du 4 mai. Le boom de la demande atteint même « + 72 % en réseau de proximité », ajoute l’interprofession, citant des chiffres du panéliste IRI. « Tous les modes d’élevage sont concernés » par cette « demande qui ne faiblit pas et connaît des pics aléatoires ».

 

Le CNPO reconnaît toutefois que « des ruptures isolées » ont pu survenir « momentanément ». En cause, les contraintes liées à la crise sanitaire (perturbations dans les transports, absentéisme dans les usines, manque d’emballages). Mais « l’organisation de la filière et la diversité des modes d’élevage permettent (…) d’assurer l’approvisionnement en oeufs d’origine France », martèle le CNPO.

 

Pour y parvenir, les centres d’emballage « tournent à plein régime » en renforçant leurs équipes et en étendant les horaires de travail, rappelle l’interprofession. Autres mesures prises : le renforcement de l’offre avec des grands conditionnements pour « répondre aux achats massifs », ainsi que la réorientation vers les GMS des « oeufs à coquille brune mais également à coquille blanche habituellement destinés à la restauration ».

 


Les volumes destinés aux marchés et CHR reportés sur les magasins

Témoignages/ Chaque producteur d’oeufs a vécu la situation différemment, en fonction de ses circuits de commercialisation. Un épisode qui incite en tout cas à diversifier ces derniers, par prudence économique.

 

“ Tout le monde s’est rué sur les oeufs, on a eu une très forte demande », confirme Valérie Robert, productrice à Charnizay. Celle-ci n’a pas mis tous ses oeufs dans le même panier, c’est le cas de le dire. Installée depuis 30 ans, elle vend en direct sur les marchés, en demi-gros à des collectivités, restaurants, épiceries, revendeurs, et à des supermarchés. « J’ai d’abord été pénalisée par la fermeture des marchés de Chatellerault et du Blanc. Mais ce qui ne s’est pas vendu sur ces marchés, s’est vendu moins cher en demi-gros, où la demande était beaucoup plus forte que d’habitude. » Sur le marché d’Argenton-sur-Creuse, maintenu, Valérie a dû appliquer les mesures de distanciation en gérant la file d’attente des clients, mais cela n’a pas posé de problème.

 

A Ciran, Florent Le Flèche a été victime d’un timing malencontreux. « On a mis en réforme notre plus gros poulailler, dont on sort 10 000 oeufs par jour, le 10 mars… Et depuis le 15 mars, on rame pour honorer les commandes ! On a pu le remplir à nouveau le 7 avril seulement. On le vide tous les 14 mois, c’est malheureux que ce soit tombé à ce moment-là », déplore le producteur. Ses clients - revendeurs sur le marché, magasins primeurs et quelques GMS -, ont vu leurs commandes incomplètes, le temps de remettre en route le grand poulailler.

 

Là aussi, l’arrêt de marchés a impacté les ventes, volaillers ou fromagers revendeurs ne pouvant monter leurs stands. « Mais il y avait une telle demande dans les magasins, que cela compensait bien au-delà. Il aurait fallu avoir trois plus d’oeufs que ce qu’on avait ». La société Le Fleche a essayé de répartir sa production entre ses clients pour ne léser personne. Habituellement, elle aurait acheté des oeufs ailleurs pour compenser la fermeture du grand bâtiment, mais la mission d’en dénicher est devenue bien plus délicate pendant le confinement.

 

Une filière emballage débordée

Franck Fleury, producteur à Sonzay, a vu ses ventes augmenter et n’a pas été impacté négativement, puisqu’il fournit des revendeurs issus de métiers de bouche : épiceries, boulangers, charcutier… « On a pu honorer toutes les commandes. La demande commence à se calmer un peu depuis début mai, évoque-t-il. Par contre, on a manqué de boîtes d’oeufs. Mais on a simplement remplacé les boîtes de 12 par d’autres de 6. »

 

En effet, les producteurs ont été livrés des précieux emballages, mais aujourd’hui encore, il ne faut pas être difficile sur les modèles. « On a eu de la chance, on avait fait le plein en février, normalement on ne recevra la troisième semaine de mai, j’espère que les stocks tiendront jusque-là », indique Florent Le Flèche. Les délais de livraison, habituellement de 4 semaines, sont actuellement de 10 à 20 semaines. Les usines de fabrication d’emballages ont été débordées par l’ampleur de la demande, le transfert du marché des CHR vers des débouchés destinés aux particuliers, et par les conditions de travail perturbées des équipes et les temps de désinfection des équipements.  

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