Que faire des rosés ?
Quand la vie d’un vin ne dure qu’un été, les ventes démarrent en flèche dès Pâques. Sur l’ère noble joué, l’appellation reine des rosés de la Touraine, les vignerons se font du mouron.

Avec l’arrêt de leur destination première, les fameux CHR (comme cafés-hôtels- restaurants), la poignée de vignerons de l’appellation est dans l’expectative. Les mises en bouteilles sont en mode piano-piano, chacun met en œuvre une brochette de solutions techniques et commerciales.
Vincent Dupuy alimente son flux habituel, 60 % du volume vendu via la grande distribution où bibs de 5 litres et bouteilles continuent de trouver acheteurs.
Tous n’ont pas cette chance. Jérémie Pierru positionné en CHR et sur les particuliers, se concentre sur ce débouché. « J’ai reporté mes portes ouvertes de mars, mais via un mailing, je propose du drive à emporter et des livraisons directes que j’essaie de grouper. » Préoccupation majeure du vigneron-entrepreneur : agir rationnellement sans se disperser. Toutes les hypothèses sont sur la table du viticulteur d’Esvres, y compris la distillation en dernier ressort. « Il faut être réaliste, dans trois mois, le rosé n’intéressera plus les négociants et dans cinq on récolte. Pour l’instant, j’ai fait une petite mise en bouteille, le reste est en cuve pleine à 12 °C avec 22 mg de SO2 libre non dégazé. Je remets en suspension les lies fines. » Jérémie Pierru a reporté la mise, prévue au 15 mai, en juin. Dans les vignes, si la couverture mildiou-oidium restera tendue à 100 % des besoins, il pense alléger les travaux en vert pour réduire les coûts de main d’oeuvre. « Nous avons des cépages retombants nécessitant plusieurs relevages, et bien cette année ils vont retomber un peu. »
Et pour le 2020 en devenir, le domaine Pierru fera aussi probablement des choix, avec une orientation vins de garde en malvoisie tranquille mais aussi des mousseux. « La crise sanitaire nous conduit à une remise en question totale. »