Maraîchage urbain
Une idée sacrément perchée
Produire des fruits et légumes avec vue aérienne sur le coeur de ville, c’est ce qui attend le candidat qui sera retenu pour donner vie à l’espace-test des Jardins perchés, à Tours.

La ville grignote les espaces agricoles. Et si l’agriculture grignotait un peu la ville ? Entre deux géants du fast-food, ou encore le leader de l’équipement sportif, un espace maraîcher s’apprête à voir le jour, avec vue imprenable sur la zone commerciale de Tours nord. La serre en construction de 700 m2 se situe en effet sur le toit de trois bâtiments de trois étages, ce qui a d’ailleurs demandé une expertise pointue sur les questions d’étanchéité et de poids. Tours Habitat, le porteur de projet choisira entre cultiver avec de la terre au sol ou avec un système d’aquaponie, en agriculture conventionnelle - le bio n’étant pas possible sans relation avec le sol.
« Fermes d’avenir » a été maître d’ouvrage sur la partie des besoins agricoles. La structure fermée sera recouverte de polycarbonate opaque au sommet, et plus clair sur les côtés. Un local de stockage prendra place à côté de la serre, et un monte-charge et un palan faciliteront l’approvisionnement du lieu. Du côté de l’arrosage, une rétention d’eau à côté de l’immeuble collectera les eaux pluviales et devrait subvenir à trente jours de sécheresse. Si cette collecte n’était pas suffisante, un forage est de toute façon prévu. En revanche, aucun système de chauffage n’a été demandé au cahier des charges, au regret de l’Agrocampus, ce qui va limiter le choix dans les productions.
L’Agrocampus Tours-Fondettes a décroché l’appel d’offres et devra trouver un maraîcher pour étrenner cet espace-test d’un nouveau genre. Le système de couveuse avec Acéascop sera le même que pour l’espace-test située à Fondettes, tout comme le parcours de recrutement (voir article ci-dessus).
Cette exploitation maraîchère, installée symboliquement en ville, comprendra un volet social. La volonté est en effet d’impliquer les habitants et les associations de quartiers dans la démarche de ces « Jardins perchés », pour les sensibiliser à l’agriculture et à l’alimentation locale. Il est prévu que de nombreux aspects viendront se greffer autour de cet espace maraîcher, telles qu’une petite ferme pédagogique, ainsi qu’une salle de formation et un point de vente maraîcher, au sous-sol du bâtiment. La construction a été optimisée pour avoir un maximum d’espace agricole autour. Ainsi, 1 000 m2 d’espaces cultivables complèteront la serre, en bas de l’immeuble, pour des cultures maraîchères et des vergers.
« Le but est que le producteur soit autonome avec une activité rentable, pour rendre le modèle reproductible, note Stéphane Barmoy, directeur d’exploitation à l’Agrocampus. C’est principalement un but social, une démarche économique au profit du social. Le maraîcher devra trouver des pistes rémunératrices pour pérenniser son exploitation. » L’ensemble immobilier devrait être livré fin 2019. Et si le projet se révélait, au final irréalisable ? Pas de problème : « Nous avons prévu que le système soit réversible a précisé Jacques Letarnec, vice-président de Tours Métropole en charge du dossier, à Ferme expo. Le toit reviendra à sa fonction initiale en cas d’échec, il n’y aura pas de dépenses inutiles. »