Evolution des modes de consommation : échos des magasins de producteurs
A nouveau dévalisés à l’annonce du deuxième confinement, les responsables de quelques magasins de producteurs décrivent les évolutions de consommation de leur clientèle.

• Stéphane Gérard K’Di Fermier, à Richelieu
« Pendant le premier confinement, les paniers moyens ont largement gonf lé, pour deux raisons : les enfants confinés à nourrir à la maison, et les citadins qui sont venus augmenter la démographie du secteur, dans des gîtes ou accueillis dans les familles. On a augmenté notre CA de 50-60 %.
Ça s’est atténué à la fin du confinement, mais ça s’est enchaîné avec les vacances « au vert », puisque les gens ne pouvaient pas partir à l’étranger. On a eu plus de touristes et donc de clients. En septembre, on a perdu la moitié environ des 50-60 % gagnés au printemps, avant une bonne reprise en octobre.
On a clairement capté une nouvelle clientèle locale. Les citadins qui sont venus se confiner chez leurs proches leur ont fait prendre conscience des bienfaits de manger local, ils ont été prescripteurs. Cette dynamique a joué surtout sur la viande et les légumes - car les gens ont plus cuisiné -, moins sur les vins et spiritueux.
Il faut préciser qu’on est un magasin en croissance, ouvert depuis seulement 3 ans. Pour ce reconfinement, on a recommencé à voir des clients qui ne sont pas des locaux, venus se réfugier à la campagne. »
• Benoît Limouzin La Charrette, à Chambray -lès-Tours
« On a connu une hausse importante des ventes lors du premier confinement. Au départ, surtout sur les produits d’épicerie. La viande a beaucoup bénéficié de cette dynamique, encore aujourd’hui, notamment le boeuf. Et au final, on a gardé une partie des nouveaux clients, et on a regagné d’anciens clients qui ne venaient plus. Le CA a rebaissé mais on a conservé un rythme supérieur à la normale, avec 8-10 % de nouveaux clients.
Pendant ce confinement du printemps, beaucoup d’habitants ont découvert notre magasin de Truyes, puis ont gardé l’habitude d’y aller. Le magasin enregistre + 40 % de fréquentation depuis. On constate que depuis cet épisode, les gens viennent moins souvent, mais leur panier moyen est plus important. Cette habitude est restée.
En tout cas, on garde notre démarche de circuit-court, aussi dans le lien producteurs-consommateurs. Les notions de lien et de plaisir sont importantes, et on les perd si on fait ses courses derrière un écran d’ordinateur. C’est pour ça que nous ne proposons pas de drive. »
• Sophie Gaimon - Tours de Fermes, à Joué les Tours
« Le confinement de ce printemps a généré une progression des ventes, surtout en légumes, crèmerie et viande. La fréquentation a très logiquement baissé, mais le chiffre d’affaires et le prix du panier moyen ont augmenté.
Suite à cette période, on a continué à très bien travailler, cet été encore. Est-ce dû à l’engouement pour le « local » dont on a parlé, à une prise de conscience ? On a aussi apporté des améliorations au magasin donc ça peut jouer aussi. Mais ça veut dire que l’offre répond aux attentes, notamment en matière de qualité de produits.
Certains clients ont découvert ou redécouvert le magasin, on a gagné de nouveaux clients. On sent à nouveau une dynamique de hausse à l’occasion du reconfinement, mais dans une moindre mesure puisque certains vont au travail et les enfants sont à l’école. »