Patrimoine viticole
Le regard bienveillant de Bacchus sur Cravant
Changement de génération, le dieu du vin remplace la dive bouteille installée près du lavoir depuis un demi-siècle.


Inaugurée plusieurs mois après sa création, une fresque géante a pris corps sous les coups de pinceau de Jean-Pierre Blanchard, artiste chinonais d’adoption unanimement choisi par le conseil municipal de Cravant-les-Côteaux. « La question de remplacer la bouteille installée par la génération précédente était en réflexion depuis plusieurs années et ce sont les jeunes conseillers nouvellement élus qui l’ont proposée », relate Christophe Baudry, vigneron et maire. Le consensus s’est fait autour du talent de Jean-Pierre Blanchard.
L’artiste de Chinon a rapidement proposé un projet qui a été peint sur le fronton de la salle des fêtes au début de l’automne : Bacchus en toge, toise le bourg, une coupe de cravant à la main. « J’ai tout de suite pensé au dieu romain du vin avec l’idée que la fresque pourrait devenir l’identité visuelle de la commune de Cravant », raconte l’artiste.
Budget consenti pour l’opération, comprenant la préparation du support et l’oeuvre : un peu plus de 12 k€. Une somme financée à 40 % par les domaines viticoles cravantais mais aussi des donations privées, des artisans locaux et la commune. Crise sanitaire oblige, Cravant a dû sursoir à son inauguration pour finalement couper le ruban le 15 juillet en présence de nombreuses personnalités locales.
Et la municipalité a profité de la cérémonie pour lever le voile sur une belle opération de solidarité envers St Nicolas-de-Bourgueil. La commune ligérienne de la rive droite, soeur de cabernet franc, a ainsi reçu un don de deux mille euros remis au maire pour contribuer à sa reconstruction. Mais la solidarité entre les deux communes viticoles ne s’exprime pas uniquement sur le plan pécuniaire. Le lendemain de la tornade, Cravant a en effet décidé d’envoyer à Saint-Nicolas une équipe de cantonniers armée de tronçonneuses. Ils ont aidé à dégager les arbres abattus par un tourbillon, évalué par les experts entre 180 et 220 km/h.
« A l’annonce du geste émouvant de Cravant, ma première réaction fut la stupéfaction. C’est une belle preuve d’amitié entre deux secteurs viticoles voisins, évoque Sébastien Bergé, maire de St Nicolas. Cet argent ira à la reconstruction de notre église. Cravant sera inscrit avec les autres donateurs sur le parchemin qui accompagnera un magnum dans une niche scellée qui sera prévue par l’architecte en charge de la reconstruction ».