Populiculture
Des aides aux propriétaires pour replanter
Plus de la moitié des surfaces de peupliers récoltées n’est pas renouvelée à l’heure actuelle. Une situation qui menace l’industrie utilisant cette ressource. La vision d’un propriétaire forestier indrien qui continue à parier sur cette valeur sûre, Jacques Pénigault.

Dans l’Indre entre Buzançais et Châteauroux, trônent plusieurs parcelles de peupliers. Contrairement au secteur allant de Buzançais à Châteauroux, où l’on croise plus de prairies. Jacques Pénigault, de Nantes, fait partie des propriétaires de peupleraies, à Buzançais. « La parcelle fait partie d’une propriété familiale et avait été délaissée suite au départ d’un éleveur en retraite. Comme c’était une zone fraîche avec une bonne alimentation hydrique, dans la vallée de l’Indre, on a décidé de la planter en peupliers en décembre 1999. C’était l’habitat idéal. » Mais en 1999, une célèbre tempête a balayé la France, non sans conséquence sur le marché du peuplier. « Le marché a chuté, à cause de la qualité moindre du bois récolté, abîmé. Et depuis, les cours ne sont jamais remontés ». Une situation qui explique en partie, selon le populiculteur, le moindre intérêt pour cette production. A partir de ce moment-là, moins d’un hectare sur deux a en effet été replanté. « A l’époque, il existait le Fonds forestier national, qui incitait à replanter, et des aides pour la taille de formation et les élagages ; elles ont été supprimées au début des années 2000. Il n’y avait donc plus d’incitation. » Le fonds en question était financé par les acteurs de la filière et redistribué pour la recherche ou pour aider notamment au reboisement.
Concurrence entre acheteurs
Nous voici 18 ans plus tard, ce qui correspond à la durée du cycle de production pour les peupliers de la région, et le verdict est sans appel : l’offre de matière première est vouée à se raréfier. Le populiculteur le constate, « les clients viennent de plus loin, car l’offre est devenue inférieure aux besoins de l’industrie. On sent qu’il y a plus de concurrence entre les industriels. ». Une situation qui ne devrait pas tarder à faire grimper les prix. Le problème est que « replanter aujourd’hui coûte trois fois plus cher qu’il y a vingt ans. Les charges ont augmenté pour tout le monde, notamment pour les pépiniéristes, ce qui se répercute sur le prix des plants », fait remarquer Jacques Pénigault. Sachant qu’une peupleraie nécessite un entretien minimum, tel que le passage du gyrobroyeur pour nettoyer la parcelle et le désherbage sur les rangs. La taille de formation et l’élagage des branches sont également indispensables les 6 premières années ; ils donnent à l’arbre sa forme et permettent d’obtenir un tronc régulier, bien droit et cylindrique, et sans nœuds.
Des aides bienvenues
L’incitation financière « Du peuplier pour l’avenir », mise en place par le CRPF* Ile-de- France Centre-Val-de-Loire, est donc bienvenue. Cette aide de 2,50 € par plant vient compléter l’aide « Merci le peuplier », de 2,50 € également. De plus, par le biais de la charte « Merci le peuplier », le pépiniériste s’engage à baisser son tarif de 0,30 € par plant. « Un plant coûte environ 10 €. On arrive donc à une aide de 5,30 €, soit plus de 50 %. Sans ces mesures, je n’aurais peut-être pas décidé de replanter après la récolte de cette année, car c’est moins rentable qu’avant. Comme en agriculture, il y a une répartition pas forcément juste entre le producteur et le transformateur. A 40 €/m3, le bois n’est pas acheté assez cher ». Mais l’équilibre offre/demande est en train de basculer. A défaut de replanter, le propriétaire forestier aurait peut-être retrouvé un fermier pour exploiter la parcelle, mais il souligne que la peupleraie a aussi ses avantages, elle qui stocke notamment énormément de carbone. Pour Jacques Pénigault, la récolte de ses 5,5 ha vient de s’achever, après six semaines de travail, assurée par trois personnes effectuant l’abattage et le débardage, ainsi que des transporteurs. Ce sont 2 000 m3 de bois qui viennent ainsi alimenter les industries. Le producteur avisera au moment de la récolte de sa seconde parcelle de 4,5 ha, plantée en 2007.